« Avez-vous peur? » Spontanément, on répond « non » à cette question. Pourtant, on tremble souvent. Sans réellement le dire. Sans même se l’avouer. Il n’y a pas de peurs plus importantes que d’autres. Toutes ont un impact sur notre vie. Et chacune d’elles nous paralyse. Toutefois, celle qui intervient le plus dans notre processus créatif reste celle de se tromper.
C’est fou comment cette peur nous bloque. On réprime nos élans créatifs parce qu’on a peur de faire une erreur, de ne pas être à la hauteur, de ne pas performer, de ne pas savoir, de ne réussir, de ne pas faire comme il faut, etc. La liste est interminable. Pire, quand on fige devant cette peur, on reste en retrait et on regarde les autres aller en se disant « Wow! Eux, ils sont si bons! ». S’en suit une suite de commentaires négatifs qui nous engluent et nous enchaînent autour de notre pensée première qui est « la créativité, ce n’est donc pas pour nous! ». On s’empêche de vivre, quoi! On passe à côté de la vie, de ses possibilités, des « peut-être que… », des « et si… », de certaines rencontres marquantes aussi, de coups de foudre, de découvertes, etc.
Croire qu’il faut performer dans la créativité est faux. Mais on est tellement conditionné à produire efficacement. Même une liste d’épicerie doit être écrite de façon à ce que notre circuit dans les allées maximiser les économies tout en réduisant nos déplacements et en optimisant notre temps. Wooo! On doit détricoter cette croyance pour tout ce qui touche le domaine de la création, car c’est tout le contraire qui prévaut. Créer, c’est justement la beauté d’oser et d’essayer. De prendre son temps et des détours. Se laisser tenter et guider par une intuition soudaine. Suivre ses envies et écouter son instinct. Qui pourrait inventer en étant sûr du résultat?
Pour se débarrasser de cette peur de faire une erreur et renouer avec le principe « essai-erreur-bonheur », on a besoin d’une pirouette mentale et d’un grand châle. Je vous explique.
La pirouette mentale
Par définition, une pirouette est un tour qu’on effectue sur soi-même, un pivot, un changement, quoi? En plein ce qu’on doit faire pour parvenir à voir des opportunités au lieu remarquer des risques. On troque le mot « échec » par le mot « essai » et on s’impose un vocabulaire plus positif dans toutes les occasions. On valorise ainsi nos tentatives, nos efforts et notre audace. On pourrait croire que ces actions ne seront pas suffisantes pour faire taire notre peur de faire des erreurs, mais on se trompe. Tous nos petits pas vers la création sont ainsi reconnus, soulignés et encouragés. Et tranquillement — et en douceur —, on osera toujours un peu plus.
Le châle de la bienveillance
Bientôt, le temps gris de novembre reviendra. La noirceur s’installera. Le froid aussi. Dans cette ambiance, on a besoin de se lover dans un océan de douceur pour se réchauffer. Alors, on en profite pour déposer sur nos épaules un châle de bienveillance. De bienveillance envers soi. Eh oui, on a le droit d’avoir de la compassion pour nous-mêmes. On a plus que le droit, c’est absolument nécessaire. En cultivant la compassion et la bienveillance de soi, on se laisse être qui on est véritablement. On s’accepte dans toutes nos contradictions, nos qualités et nos défauts, nos forces comme nos faiblesses.
De fait, on s’accorde plus facilement le simple droit à l’erreur, à l’imperfection et à l’essai. Ainsi, on se laisse aller à peindre une toile qu’on a en tête depuis des semaines (années, peut-être même!), à écrire un premier jet d’histoire, à se lancer dans le tricot, à coudre des décorations pour son arbre de Noël, à dessiner la page couverture de notre planificateur créatif, etc. Si on est bienveillant envers soi, on accueillera nos essais comme ce qu’ils sont, soit des tentatives. On ne se blâmera pas pour les erreurs commises ou le résultat peut-être pas aussi époustouflant qu’espéré. On saura reconnaître nos forces et notre simple audace d’avoir osé même si on avait peur (parce qu’elle ne s’évapore pas d’un coup, la vilaine!).
Chaque fois qu’on tremble, on s’empare donc de ce châle qui nous aide à trouver le courage de poser un geste. Il peut rester une image mentale, mais on peut véritablement se trouver un foulard qui, chaque fois qu’on s’emmitoufle dedans, on se rappellera ce qu’il représente. Il est la main réconfortante qui nous aide à ne pas tanguer et qui nous donne courage d’être qui on est, sans honte, sans gêne.
Alors, pour ne plus laisser la peur de se tromper prendre la destinée de votre aventure créative, je vous souhaite de nombreuses (et joyeuses!) pirouettes mentales et un apaisant châle de bienveillance. Ainsi, novembre sera plus doux et plus coloré!
Article écrit par Nadine Descheneaux
Journaliste, auteure et blogueuse
www.nadinedescheneaux.com